Les répercussions « é-patte-antes » de la zoothérapie au CPR

Présenté par le Centre psychiatrique régional

En 2014, dans le cadre du programme de zoothérapie canine de l’Ambulance Saint-Jean, une équipe canine a commencé à se rendre régulièrement au Centre psychiatrique régional (CPR) en Saskatchewan. Les détenus et le personnel ont rapidement constaté que les visites structurées avaient des répercussions positives sur la vie des détenus. En fait, les expériences vécues par les détenus qui ont pris part au programme de visites démontrent que les chiens semblent d’instinct se comporter conformément aux principes appliqués par les fournisseurs de services de soins de santé dans les cas de traumatisme. Évidemment, ils ne le font pas consciemment. Ils sont simplement chaleureux.

« Je ne sais pas si vous le savez, mais j’ai de la difficulté à établir des liens et à socialiser dans la vie de tous les jours », a affirmé un des participants* dans une lettre adressée au maître-chien. « J’ai suis très mal à l’aise avec les gens, surtout en petit ou gros groupe. Je voulais simplement que vous sachiez que lorsque je vois [les chiens de thérapie] ils me donnent beaucoup de courage et je peux passer du temps en compagnie d’autres personnes. »

Un an plus tard, en 2015, le CPR a commencé à offrir à quelques détenus sélectionnés un programme de zoothérapie avec deux équipes canines de l’Ambulance Saint‑Jean. Le programme de huit mois comprend 24 séances de 30 minutes. Chaque séance est dirigée par un clinicien en santé mentale du CPR, accompagné d’une équipe de zoothérapie canine, et vise à donner aux participants du réconfort, de l’amour et du soutien. Au début du programme, les aptitudes générales des détenus en matière de santé mentale sont ciblées en fonction de leur plan correctionnel, puis revues à la mi-parcours du programme. À chaque séance, les détenus choisissent une aptitude sur laquelle ils souhaitent se concentrer.

Fort de cette expérience, le Comité consultatif de citoyens (CCC) du CPR a dirigé un projet national de lancement des CCC pour mieux faire connaître les avantages thérapeutiques du lien humain-animal. Ce projet, qui s’est déroulé dans cinq établissements et trois régions, a porté sur la recherche et différentes initiatives du SCC faisant appel à des animaux et a incité les détenus dans l’ensemble du pays à partager leur expérience personnelle, leurs œuvres d’art, leurs photos et leurs poèmes au cours d’activités en établissement qui ont eu lieu partout au pays. En novembre 2018, ce projet a débouché sur la visite de plusieurs chiens de thérapie de l’Ambulance Saint‑Jean auprès d’environ 100 détenus (hommes et femmes) du CPR pour souligner leur participation au projet. Les preuves des répercussions positives du lien humain‑animal ont aussi été communiquées à près de 50 membres du personnel du CPR.

Ces preuves découlent d’une étude effectuée auprès des trois premiers participants au programme de zoothérapie et ont été établies d’après les données recueillies au cours des séances et des entrevues avec les participants, leurs cliniciens en santé mentale et les maîtres des chiens de thérapie. Publiée récemment dans le International Journal of Prisoner Health (https://doi.org/10.1108/IJPH-04-2018-0020), l’étude révèle que les détenus ont établi un lien avec les chiens de thérapie en raison du réconfort, de l’amour et du soutien que ces derniers semblaient offrir.

Un détenu a déclaré : « Je me sens tellement bien quand j’ai l’occasion de voir et de m’approcher des chiens, car ils me remontent toujours le moral et me réconfortent tellement. » Un autre a dit : « Les chiens me donnent de l’amour et me font du bien. » Un troisième détenu a indiqué relativement au soutien offert par les chiens : « Je ne sais pas si je me suis déjà senti aussi soutenu. C’était absolument merveilleux […] Ils me donnaient l’impression que je suis spécial en m’acceptant de façon inconditionnelle ». L’établissement d’un lien humain-animal a également contribué au plan correctionnel des détenus, à une meilleure conscience de leurs émotions et sentiments et a eu une incidence positive sur leur comportement.

Ces conclusions de recherche et ces expériences au CPR laissent entendre que la tenue de programmes de zoothérapie qui mettent l’accent sur le lien humain-animal dans les établissements correctionnels mériterait d’être étudiée davantage. Il faudrait notamment se pencher sur la façon dont le lien entre les participants et les animaux peut être maintenu. Par exemple, le CPR distribue aux participants des photos des chiens de thérapie accompagnées de messages personnalisés, offre des séances de rappel tous les trois mois aux anciens participants du programme et remet dans le temps des fêtes des cartes de souhaits en lien avec les chiens de thérapie à tous les détenus de l’établissement.

Au fil des ans, le CPR a mis à l’essai plusieurs programmes qui font appel à des animaux et dont la réussite est attribuable à de solides relations de travail avec, notamment, Colleen Anne Dell, Ph. D., de l’Université de la Saskatchewan, Darlene Chalmers, Ph. D., de l’Université de Regina, les membres de l’administration, le personnel et les organisations du CRP et les bénévoles qui sont tous résolus à appuyer le rôle que jouent les animaux dans la santé des êtres humains.

(*Ce participant a depuis obtenu une libération conditionnelle. Un rapport de cas détaillé de son expérience est publié dans le Journal of Forensic Nursing [vol. 11, numéro 3, p. 167 à 173]).

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